Le pauvre en Islam est celui qui est dans le besoin. Or, tout ce qui existe en dehors d’Allah est pauvre, car en proie au besoin de pérennité, qui elle dépend de la Grâce d’Allah.
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De plus, la dépendance du serviteur à ses nombreux besoins, en plus de sa condition misérable, n’a pas de bornes. Toutefois, il peut satisfaire l’ensemble de ses besoins à travers les biens.
Les 5 catégories d’individus
On peut alors envisager cinq situations dans lesquelles l’individu peut se trouver en matière de biens matériels :
1- Celui qui est réticent et gêné lorsqu’il reçoit des biens. Il en fuit l’acquisition avec aversion pour se prémunir contre leur méfait et leur distraction. Celui qui est dans cette situation est qualifié d’ascète.
2- Celui qui ne se réjouit pas d’obtenir des biens ni ne répugne à en avoir. Celui-là est le comblé.
3- Celui qui préfère posséder des biens plutôt qu’en être privé, mais qui ne s’engage pas dans leur quête. S’il en reçoit, en tout bien tout honneur, il les accepte et s’en réjouit. Mais si l’acquisition des biens exige des efforts, il préfèrera s’en dispenser. Un tel individu fait preuve de contentement.
4- Celui qui abandonne la quête de biens par incapacité, tout en les désirant et en étant prêt à faire des sacrifices pour les obtenir. On dit de lui qu’il convoite.
5- Celui contraint à la quête des biens matériels, tels que l’affamé ou le dénudé. Cet individu est le pauvre, quel que soit le degré d’avidité qui l’anime dans sa quête.
Parmi ces cinq situations, la plus méritoire est la première, celle de l’ascétisme. Cependant, il existe au-delà de ce degré une situation plus honorable encore. Il s’agit du cas de celui pour qui la présence ou l’absence de richesses lui sont égales. Ainsi, il ne se réjouit pas d’en posséder, comme il n’éprouve aucune gêne par leur privation.
L’exemple de ‘Âïcha
Ceci est à l’exemple de ce qui est rapporté au sujet de ‘Âïcha (qu’Allah l’agrée) à qui on fit don de deux bourses pleines d’argent dont elle distribua tout le contenu le jour même. Sa servante lui demanda alors :
« Pourquoi ne nous as-tu pas acheté, avec un dirham de ceux que tu as distribués, un peu de viande pour rompre notre jeûne ? »
« Je l’aurais fait si tu me l’avais rappelé », lui répondit ‘Aïcha.
Celui qui se trouve dans cet état d’esprit est à l’abri des méfaits de ce bas monde, quand bien même il le posséderait en totalité. En effet, pour lui ces biens font partie des Trésors d’Allah, et non de ses possessions personnelles.
Il convient de qualifier cet état comme étant le véritable contentement, car celui qui l’atteint, ni la possession des biens ni leur disparition ne l’affectent. Ainsi, l’ascète atteint le sommet du détachement aux biens lorsque leur présence ou leur absence ne l’affectent plus.
Anecdote
Ahmad ibn Abi Al-Huwari relatait à Abu Sulayman Al-Darani que Malik ibn Dinar a dit une fois à Al-Mughira :
« Rends-toi chez moi et récupère l’argent de la Zakât dont tu m’as fait don, car je suis en proie aux suggestions du diable. Je m’inquiète qu’un voleur s’en empare. »
Abu Sulayman dit alors à propos de cette anecdote :
« Cette attitude est due à la faiblesse de son détachement à la vie d’ici-bas. Il fait certes partie des ascètes, car il se retient de prendre. Cependant, fuir les biens de ce monde et faire preuve de frugalité fait partie de l’excellence des faibles, tandis que pour les Prophètes et les forts, leur présence ou leur absence est identique à leurs yeux. »
Dans certains cas, celui doté d’un haut degré d’ascétisme laisse apparaître volontairement son éloignement des biens terrestres, en guise d’exemple pour les plus faibles. Et Allah est le plus Savant.