L’envie consiste à souhaiter que le bienfait qui a touché celui qui est envié disparaisse, même si l’envieux n’obtient pas le même bienfait.
Cet article est tiré de notre livre : La Guérison des Âmes
Cette maladie prend racine dans l’amour de la démarcation et dans le fait de détester être comme les autres. C’est pourquoi l’envieux souffre lorsqu’il remarque, chez un autre, un bienfait qui le distingue des gens. Cette distinction ou le fait que l’autre devienne tout à coup égal à l’envieux nourrissent cette souffrance. Celle-ci ne disparaîtra que lorsque le bienfait de l’envié lui sera retiré.
Il est rare de trouver quelqu’un dont le cœur est dénué d’absolument toute envie. Ressentir ce sentiment ne devient un péché que lorsque l’envieux espère la disparition des bienfaits qui ont été accordés à son frère musulman.
Sache que l’envie provoque insomnie, mauvaise nutrition, pâleur, sauts d’humeur et dépression constante. On a demandé à un homme âgé de 120 ans : « Qu’est-ce qui t’a permis de vivre si longtemps ? ». Il répondit : « J’ai délaissé l’envie, j’ai alors pu vivre une longue existence. ».
Sache que l’envie ne se produit qu’en ce qui concerne les affaires de ce bas-monde. Tu ne trouveras pas de gens qui envient ceux qui prient la nuit ou qui jeûnent souvent. De même, personne n’envie les savants pour leur savoir. C’est plutôt la gloire et la renommée qui sont jalousées.
Le soin de cette maladie passe tout d’abord par le fait de savoir que ce qu’Allah a prédestiné va se produire. Essayer de changer le destin est impossible. Celui qui a réparti la subsistance entre les gens est Le Sage, Celui qui possède tout. Il donne et Il retire. C’est Lui qui a créé l’univers et tout ce qu’il contient.
C’est comme si l’envieux s’opposait à la volonté de Celui qui donne, exalté soit-Il. Un sage disait :
« Dit à celui qui m’envie,
« Sais-tu envers qui tu te conduis mal ? »
Ta mauvaise conduite est envers Allah vis-à-vis de ce qu’Il donne
Car tu n’es pas satisfait de ce qu’Il m’a donné
Alors Il m’a récompensé pour ce que tu as fait en m’ajoutant (de Ses bienfaits) et en claquant les portes de la subsistance à ton nez. »
De plus, l’envié n’a rien pris de la subsistance de l’envieux, ni ne lui a retiré quelque chose de ses mains. Donc, lorsque l’envieux désire la disparition des bienfaits chez un autre, il s’agit clairement d’une injustice.
L’envieux devrait méditer sur la situation de l’envié. Si ce qu’il a obtenu ne concerne que ce bas-monde, alors l’envieux devrait plutôt ressentir de la pitié et non pas de la jalousie, car ce que l’envié a obtenu est probablement en sa défaveur et non pas en sa faveur. En effet, le surplus de biens en ce bas-monde n’est rien d’autre qu’une source de problèmes.
Al-Mutanabi a dit :
« Le jeune homme a évoqué sa vie et son besoin
Alors que le surplus de subsistance n’est rien d’autre qu’un trouble. »
Cela s’explique par le fait que le riche s’angoisse sans cesse de perdre son argent. Celui qui possède de nombreuses servantes se préoccupe continuellement d’elles. Le dirigeant craint chaque jour d’être écarté. Il est donc nécessaire de savoir que les nombreux bienfaits sont accompagnés par l’angoisse.
De plus, ces bienfaits sont temporaires et le malheur les succède. En effet, ceux à qui appartiennent ces bienfaits sont toujours dans l’attente de les voir disparaître. Il faut savoir également que l’objet de l’envie n’est souvent pas d’une aussi grande valeur aux yeux de l’envié qu’aux yeux du jaloux.
Les gens pensent effectivement que ceux qui détiennent des positions importantes sont les plus heureux. En réalité, ils ne se rendent pas compte qu’une fois que ces personnes d’un rang important ont obtenu ce qu’elles désiraient, elles n’y accordent plus aucune importance et aspirent alors à quelque chose de plus grand. Pendant ce temps, l’envieux les jalouse toujours pour la même chose.
Que l’envieux sache que si l’envié le punissait, il ne pourrait pas lui infliger une plus grande douleur que celle qu’il connait déjà. Donc, si le jaloux ne parvient pas à se guérir grâce aux remèdes cités précédemment, il ne lui restera plus qu’à travailler dur pour atteindre l’objet de son envie.
Un des pieux prédécesseurs a dit : « Je crains les soucis même en ce qui concerne l’envie. En effet, quand un homme jalouse son voisin pour sa grande richesse, il voyage dans le but de commercer afin de devenir aussi riche que lui. S’il envie quelqu’un pour son savoir, il reste debout durant toute la nuit pour étudier. Cependant, les gens en sont arrivés à aimer l’oisiveté. Ils blâment donc celui qui a atteint un rang élevé. ».
Que sont beaux les mots d’Al-Rida :
« … Je suis le beau et pur cheval blanc
Tous les yeux sont sur moi, car
Je passe mes nuits à rechercher les rangs élevés pendant qu’ils dorment.
Si le regard des autres n’avait aucune importance pour moi,
Mes ennemis n’auraient pas tenté de me calomnier. »
Après tout ce qui a été dit, si l’envieux ne parvient pas à obtenir ce que l’envié a obtenu, alors il se doit de combattre sa langue afin de l’empêcher de calomnier et d’emprisonner ce qu’il ressent au fond de son cœur.
Il existe de nombreux ahadîths qui condamnent l’envie.
Le Prophète (paix sur lui) a dit : « La maladie des peuples qui vous ont précédés rampe vers vous : le rasoir de l’envie et de la haine. Je ne parle pas de ce qui rase les cheveux, mais plutôt de ce qui rase la religion. Par Celui qui détient mon âme dans Sa main, vous n’entrerez au Paradis que lorsque vous croirais, et vous ne croirais que lorsque vous vous aimerez les uns les autres. Vous dirais-je ce qui, si vous l’accomplissez, vous fera vous aimer les uns les autres ? Répandez le salâm parmi vous. ».[1]
‘Umar ibn Maymun a dit : « Moussa (paix sur lui) vit un homme sur le trône, alors il l’envia [c’est-à-dire qu’il a aimé ce qu’il a vu et l’a souhaité pour lui-même sans vouloir que ce bienfait soit retiré à cet homme] et interrogea les gens à son sujet. Ils dirent « Veux-tu en savoir plus sur ses œuvres ? ll n’envie pas les gens pour ce qu’Allah leur a accordé de Sa grâce, il ne participe pas aux mauvais commérages et il ne désobéit pas à ses parents. » ».
Le Prophète (paix sur lui) a dit : « L’envie n’est permise que dans deux cas : un homme à qui Allah a donné la connaissance du Coran et qui se consacre à sa lecture la nuit et le jour et un homme à qui Allah a donné une fortune qu’il dépense de manière juste, de nuit et de jour. ».[2]
Si cet article vous a plu, n’hésitez pas à consulter notre livre : La Guérison des Âmes
[1] Rapporté par Ahmad (1/165,167), Al-Bayhaqi (10/232). Authentifié par Al-Albani.
[2] Rapporté par Al-Bukhari (2/134) & Muslim (p ;559)