Nous avons expliqué que les biens ne sont pas blâmables en tant que tels. Ils sont plutôt louables, car ils constituent des moyens d’obtenir des bienfaits dans la religion et dans la vie d’ici-bas.
Cet article est tiré de notre livre : La Vie d’Ici-Bas.
Allah les a nommés comme étant « bien » (« khayr ») et Allah a dit au début de la Sourate « Les Femmes » :
« Et ne confiez pas aux incapables vos biens dont Allah a fait votre subsistance. »[1]
Sa’id Ibn Al-Musayyib a dit : « Il n’y a aucun bien chez celui qui n’acquiert pas son argent de manière licite dans le but de se protéger de [mendier] auprès des gens, ou de maintenir les liens de parenté, ou d’en acquitter le droit dû. »
Abu Ishaq Al-Sabay’i a dit : « Ils (les Pieux Prédécesseurs) voyaient l’abondance de biens comme un soutien dans la religion. »
Sufyan a dit : « Les biens et les richesses sont, à notre époque, les armes du croyant. »
En conclusion, les biens et les richesses sont tel un serpent doté à la fois d’un poison et d’un remède. Quiconque est capable de séparer le poison et de s’en protéger pourra bénéficier du remède.
Quant aux avantages des biens et des richesses, ils se divisent en bienfaits religieux et bienfaits mondains.
Les bienfaits mondains : ils sont connus des gens, d’où le fait qu’ils anéantissent leurs propres personnes en essayant de les acquérir.
Les bienfaits religieux : ils se divisent en trois catégories.
- Première catégorie : dépenser pour soi, que ce soit pour l’adoration en elle-même comme dans le cas du pèlerinage ou de la dépense dans le sentier d’Allah, ou que ce soit dans ce qui aide à l’adoration, comme la nourriture, les vêtements, le logement ainsi que les autres nécessités de la vie.
Si ces besoins ne sont pas remplis, le cœur ne sera pas libre de se concentrer sur la religion et les adorations. Or, tout ce qui complète une adoration devient lui-même un acte d’adoration.
Ainsi, prendre une part suffisante de ce monde dans le but d’en faire un soutien pour la religion fait partie des bienfaits religieux.
Les bienfaits superflus et les besoins non essentiels ne sont pas inclus ici, car ils font partie des jouissances mondaines.
- Deuxième catégorie : ce que l’on dépense pour les autres et cela se divise en quatre éléments.
Premier élément : l’aumône. Ses vertus sont nombreuses et bien connues.
Deuxième élément : la civilité. Cela désigne les dépenses faites pour accueillir, offrir des cadeaux et du soutien aux riches et aux notables. Il existe un bienfait religieux en cela, car le serviteur d’Allah y gagne des frères et des amis.
Troisième élément : la protection de l’honneur et la dépense dans le combat contre la propagande des poètes et les insultes des idiots, afin d’éliminer leur mal. Il y a un bienfait religieux en cela, car le Prophète (paix sur lui) a dit :
« Tout ce que l’homme dépense pour défendre son honneur est aumône. »[2]
En effet, cela permet d’empêcher le médisant de médire. Cela protège aussi de celui dont les mots contiennent une animosité qui pourrait mener à une vengeance transgressant les limites de la Législation (shari’ah).
Quatrième élément : le salaire donné aux employés en échange de leurs services.
- Troisième catégorie : ce qui est dépensé dans le but d’un bénéfice collectif et non pas spécifique à une personne. Par exemple : la construction de mosquées, de ponts et les dons inaliénables.
Voilà certains avantages religieux des biens, sans compter ce dont l’utilité se concrétise ici-bas, comme la préservation de l’humiliation de la mendicité, de la honte de la pauvreté, le fait d’être honoré parmi les gens, ainsi que respecté et estimé.
Quant aux inconvénients des biens et des possessions, ils se divisent également en inconvénients religieux et mondains.
- Ils conduisent leur propriétaire à tomber dans la désobéissance, au point qu’il finisse éventuellement par appeler à elle. Les biens confèrent un pouvoir qui peut inciter à la désobéissance. Être éprouvé par l’aisance est donc pire qu’être éprouvé par la pauvreté.
- Ils amènent leur propriétaire à rechercher les plaisirs permis au point que cela devienne une addiction dont il ne peut se passer. Il pourrait aussi ne pouvoir en jouir qu’en tombant dans le douteux, le compromis ou l’hypocrisie, car celui qui a plus d’argent fréquente plus de gens [qui pourraient ne pas être vertueux]. S’il les fréquente, il ne sera pas à l’abri de l’hypocrisie, l’hostilité, la jalousie et la médisance.
- Ils éloignent du rappel d’Allah. Personne n’est à l’abri de cela. Il s’agit d’une maladie incurable. En effet, la base des actes d’adorations est le cœur libre de méditer sur la Gloire d’Allah et Sa Grandeur.
Or, celui qui possède de nombreuses possessions se lève en pensant à ses concurrents dans le commerce, à leurs finances et à leurs plans. Il réfléchit aux désaccords avec ses associés et à la façon dont les autorités vont le taxer, ce qui affectera ses biens et d’autres choses semblables.
Le commerçant s’endort et se réveille en pensant constamment à la prochaine personne qui va le trahir, à ses associés, à la manière de diminuer son travail et à comment dépenser plus d’argent.
C’est le cas à tous les niveaux de richesses et de possessions, car même celui qui a amassé une grande fortune s’inquiète de la façon dont il va la protéger à cause de sa peur de la perdre. Celui qui possède ce qui lui suffit pour la journée est protégé de tout cela et n’est pas touché par la peur, l’affliction, l’inquiétude, la préoccupation et la fatigue qui tombent sur les riches et les fortunés de ce bas monde.
Source : Le Bonheur Véritable – Éditions MuslimLife
[1] Sourate 4 : Les Femmes, verset 5.
[2] Rapporté par Haythami qui juge l’un des transmetteurs faibles.