Les bienfaits de la solitude

Les bienfaits de la solitude

Sache que la divergence d’opinions des savants au sujet de la solitude est semblable à celle au sujet des mérites du mariage et du célibat. J’ai précédemment expliqué que ces sujets varient en fonction de la situation des gens. C’est exactement ce que je dis concernant ce sujet-ci.

Cet article est tiré de notre livre : Le Livre du Comportement.

Pour commencer, je vais citer les bienfaits de la solitude. Ils sont au nombre de six.

Premier bienfait : elle permet de se consacrer à l’adoration. De plus, elle mène à trouver un plaisir dans l’invocation d’Allah, car cela requiert d’être libre de toute distraction, alors qu’il n’y a pas de temps libre lorsque l’on fréquente les gens. La solitude est un moyen d’atteindre cet objectif, en particulier au début.

Un sage fut interrogé : « Vers où l’ascétisme et la solitude ont conduit les dévots ? ». Il répondit : « À la découverte de l’intimité avec Allah ».

Uways Al-Qarni a dit : « Je ne peux imaginer que celui qui obtient tranquillité et intimité dans l’adoration de son Seigneur trouve la même chose ailleurs. »

Sache que celui qui s’est facilité l’obtention du plaisir dans l’adoration d’Allah à travers le rappel constant d’Allah ou qui a connu Allah à travers la méditation permanente, alors qu’il se dédie à cela est meilleur que tout ce qui est en rapport avec la fréquentation des gens.

Deuxième bienfait : la solitude permet de s’isoler des péchés qui sont souvent accomplis suite à la fréquentation des gens. Ces péchés sont au nombre de quatre :

  • La médisance, car il est coutumier pour les gens de remplir leur bouche de propos sur l’honneur des autres et de médire par divertissement. Donc, si tu fréquentes les gens et t’engages avec eux dans leurs paroles, vous serez liés dans le péché et exposés à la colère d’Allah. Si tu décides de rester silencieux alors que les autres s’engagent dans la médisance, tu seras toujours leur complice, car celui qui écoute la médisance est considéré comme étant l’un des médisants. Si tu les réprimandes pour leur médisance, ils te détesteront, médiront de toi en retour et donc augmenteront leur nombre de propos médisants, sans compter le fait qu’ils en arriveront peut-être à t’insulter.
  • Le second concerne le fait d’ordonner le bien aux gens et de leur interdire le mal. En effet, celui qui fréquente les gens ne peut qu’assister au mal. À partir de là, s’il ne s’exprime pas contre cela, il aura commis un péché, et s’il s’y oppose, il sera exposé à différents types de préjudices. Or, la solitude protège de tout cela.
  • L’ostentation : il s’agit d’une maladie grave qu’il est difficile d’éviter. Le premier problème lié à la fréquentation des gens est qu’on doit leur exprimer le désir de les voir, ce qui implique forcément du mensonge d’une manière ou d’une autre. Par exemple, une personne peut ne pas vouloir rencontrer les autres, mais doit prétendre qu’elle en a envie, ou alors elle peut désirer les rencontrer, mais fait preuve d’exagération dans la façon de le montrer. Les pieux prédécesseurs étaient prudents lorsqu’ils répondaient à des questions comme « Comment vas-tu ce matin ? » et « Comment vas-tu ce soir ? ». Lorsque l’un des prédécesseurs fut interrogé par « Comment vas-tu ce matin ? », il répondait : « Je me suis levé ce matin alors que je suis faible et pécheur, consommant ma subsistance et attendant ma fin. ». Sache que celui qui demande à un autre « Comment vas-tu ce matin ? » alors qu’il ne demande pas cela par préoccupation, compassion et amour pour l’autre, sa question sera considérée comme superficielle et ostentatoire. Certaines fois, celui qui posera cette question le fera le cœur rempli de rancœur et de ressentiment, ce qui le poussera à vouloir entendre que l’autre ne va pas bien. La solitude est une solution pour être préservé de tout cela. En effet, celui qui fréquente les gens sans adopter leurs manières sera haï d’eux. Ils le trouveront ennuyeux et le médiront. Il sera alors préoccupé par la vengeance et cela affectera ses affaires mondaines et religieuses.
  • On peut être influencé par les mauvais traits des gens. Il s’agit d’une maladie cachée dont les gens intelligents ne sont pas conscients, sans parler des insouciants. En effet, celui qui fréquente une personne immorale durant un certain temps, même s’il la désapprouve en son for intérieur, se rendra compte qu’au bout d’un moment, son aversion pour le mal aura diminué. Cela, car celui qui est fréquemment exposé au mal finira par ne plus le trouver repoussant. Il ne ressentira plus les effets et la gravité du mal. Celui qui a l’habitude d’assister aux moments où les autres commettent des péchés majeurs finira par banaliser les péchés mineurs que lui commet. De la même manière, celui qui médite sur l’ascétisme et l’adoration des pieux prédécesseurs éprouvera du dédain envers sa propre personne et aura une piètre opinion de ses actes d’adoration. Cela l’encouragera à faire plus d’efforts dans l’adoration d’Allah. Ces éléments vont dans le sens de celui qui a dit : « Quand les vertueux sont mentionnés, les bénédictions descendent. »

Ils existent certaines indications qui démontrent qu’une chose est courante et banale. Par exemple, lorsque les gens voient un musulman ne pas jeûner pendant le Ramadan, ils le considèrent presque comme un mécréant. En revanche, ces mêmes musulmans peuvent constater qu’une personne prie après le temps prescrit sans avoir autant de répulsion pour elle que pour celui qui n’a pas jeûné pendant le temps prescrit, et ce malgré le fait que manquer une prière (sans aucune raison valide) sort son auteur de l’Islam. La seule explication à cela est que la prière s’accomplit fréquemment et que nombreux sont ceux qui la négligent. De même, si un savant porte un vêtement de soie ou une bague en or, les gens le réprimanderont sévèrement. Par contre, s’ils l’entendent médire, ils ne considèreront pas cela comme étant quelque chose d’important, bien que médire soit plus grave que de porter de la soie. En effet les effets de la médisance ont disparu des cœurs à force de fréquenter les médisants et de les entendre médire régulièrement. C’est pourquoi il est important que tu sois conscient de ces problèmes et que tu prennes garde à fréquenter les gens, car ce que tu constateras chez eux correspond à ce qui te conduira probablement à l’avidité de ce bas monde, l’insouciance de l’Au-delà, la négligence des péchés et l’affaiblissement de ton désir de t’engager dans l’adoration. Donc, si tu trouves une assemblée au sein de laquelle Allah est mentionné, ne la quitte pas, car il s’agit du butin du croyant.

Les bienfaits de la solitude

Troisième bienfait : la délivrance des tentations et des conflits ainsi que la protection de la religion en ne s’engageant pas dans ces choses. En effet, les villes sont rarement vides de sectarismes et de conflits, sauf pour celui qui s’isole. Il est alors, de toute évidence, protégé de ces maux.

Ibn ‘Umar (qu’Allah l’agréé) rapporte que le Prophète (paix sur lui) a parlé des calamités, les a décrits et a dit : « Lorsque les gens ne tiendront pas leurs promesses, trahiront la confiance et se disputeront alors qu’ils étaient auparavant comme cela – il entrelaça ses doigts. ». Je dis : « Que devrais-je faire si j’assiste à une telle époque ? ». Le Prophète (paix sur lui) a dit : « Reste chez toi, contrôle ta langue, accepte ce que tu approuves, délaisse ce que tu désapprouves, occupe-toi de tes propres affaires, et ne te mêle pas des affaires des gens du commun. »[1]

Des ahadiths similaires ont également été rapportés.

Quatrième bienfait : être à l’abri du mal des gens, car ils t’offenseront à de multiples reprises en te médisant, te calomniant, pensant du mal de toi et en te donnant de faux espoirs. Quiconque fréquente les gens rencontrera assurément des jaloux, des ennemis et d’autres types de maux auquel on est exposé par ceux que l’on connait. La solitude permet à la personne d’éviter tout cela. Un poète a dit :

« Tes ennemis sont parmi tes amis, donc n’ai pas beaucoup d’amis. En effet, les maladies proviennent de la nourriture et de la boisson. »

Ibrahim Ibn Adham a dit : « Ne te présente pas auprès de ceux que tu ne connais pas et ignore ceux que tu connais. »

Un homme demanda à son frère : « Puis-je t’accompagner au Hajj ? ». Il répondit : « Soyons satisfaits du fait qu’Allah ait caché nos fautes. En effet, je crains que nous voyions chez l’autre ce qui va nous amener à nous détester mutuellement. »

C’est là un autre bienfait de la solitude, que le rideau d’Allah soit maintenu sur les erreurs d’une personne en matière de religion, de biens ou d’autres domaines.

Cinquième bienfait : que les gens perdent tout intérêt pour toi et que tu perdes tout intérêt pour eux. Puisque les satisfaire est un objectif impossible à atteindre, alors celui qui s’isole des gens leur fera perdre tout intérêt envers lui dans le fait d’assister à leurs banquets, leurs mariages et ainsi de suite.

Il fut dit : « Celui qui évite tous les gens, tous les gens l’aimeront. »

Quant au fait que tu perdes de l’intérêt pour eux : en effet, celui qui contemple les parures de ce bas monde sera avide de les acquérir. Son avidité pour ce monde sera réveillée par sa motivation de l’acquérir. Il sera alors déçu de ne pas être capable d’obtenir la plupart de ce qu’il désire et souffrira de cela.

Un hadith rapporte : « Regarde celui qui est en dessous de toi et ne regarde pas celui qui est au-dessus. En effet, cela est préférable afin que tu ne minimises pas les bienfaits d’Allah sur toi. »[2]

Allah L’Exalté a dit :

« Et ne tends point tes yeux vers ce dont Nous avons donné jouissance temporaire à certains groupes d’entre eux, comme décor de la vie présente »[3]

Sixième bienfait : le fait d’être écarté de la fréquentation des gens bêtes et pénibles ainsi que de leur comportement. Celui qui est offensé par les gens pénibles commencera à les médire. S’ils le critiquent, il répondra de la même manière, et cela causera de la corruption dans la religion. Dans la solitude se trouve une protection face à tout cela.

Source : Le Livre du Comportement – Éditions MuslimLife


[1] Rapporté par Al-Boukhari.

[2] Rapporté par Al-Boukhari & Muslim.

[3] Sourate 20 : Ta-Ha, verset 131

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