L’imam Ibn Al-Qayyim nous explique les raisons de la baisse de foi face à l’épreuve et le moyen de trouver le bonheur.
Cet article est tiré de notre livre : Les Bienfaits de l’Épreuve
Vaut-il mieux rester dans le péché ?
On est plusieurs fois venu me dire : « Quand je me repens à Lui et que j’accomplis de bonnes actions, Il restreint ma subsistance et rend ma vie difficile. Mais quand je retourne au péché et que je me soumets à mes désirs, la subsistance et le confort viennent aisément à moi. »
Je répondis : « C’est un test de la part d’Allah afin qu’Il observe votre véracité et votre patience. Vous tournez-vous et vous dirigez-vous sincèrement vers Lui ? Pouvez-vous endurer Ses épreuves avec patience afin d’obtenir la victoire ? Ou votre repentir est-il plutôt trompeur ? »
Les raisons de la baisse de foi dans l’épreuve
Ces pensées et ces propos erronés se fondent sur deux éléments :
- Le premier : le serviteur possède une haute opinion de lui-même et de sa pratique religieuse. Il est persuadé qu’il s’est acquitté de ses obligations et qu’il a délaissé ce qui lui était interdit. En plus de cela, il pense que son degré de pratique est supérieur à celui de son ennemi ou adversaire. Il est convaincu qu’il mérite plus que lui de se réclamer d’Allah et de Son Messager.
- Le second : croire qu’Allah, glorifié soit-Il, aurait pu abandonner un fidèle de la Vraie Religion et ne lui attribuer aucun succès en ce monde. Au lieu de cela, Il ne lui aurait donné qu’une vie de soumission et d’oppression, malgré le fait que ce fidèle accomplisse ce qu’Allah lui a ordonné, intérieurement et extérieurement.
Il n’y a de divinité digne d’adoration qu’Allah !
Combien d’adorateurs ignorants, de dévots sans perspicacité, de personnes sans science, mais se déclarant savants, ont été ainsi trompés ?
Le serviteur, même s’il croit en l’au-delà, a besoin, par nature, du nécessaire issu de ce bas monde. Il demandera la venue du bien et la diminution du mal.
Si une telle personne pense que suivre la Vraie Religion et s’accrocher fermement au monothéisme et à la Sunna invalident ces besoins naturels, alors en les suivant il sera forcé de traverser un nombre insurmontable d’épreuves. Il aura perdu, à ce moment, tout bienfait temporel. Son désir de suivre la religion s’affaiblira assurément. Il passera du rang des pionniers au rang de ceux qui ont pris une allure moyenne. Il chutera peut-être même au niveau de ceux qui se font du tort à eux-mêmes, voire au rang des hypocrites !
Le Prophète (paix sur lui) a certes dit :
« Hâtez-vous d’accomplir de bonnes œuvres, car des troubles semblables à la nuit noire vont survenir. L’homme se réveillera musulman puis se couchera mécréant. Et il se couchera musulman puis se réveillera mécréant. Il vendra sa foi pour quelques biens de ce bas monde. » (Rapporté par Muslim)
Cela parce que s’il se persuade qu’en suivant cette religion, sa vie d’ici-bas sera en ruines, qu’il ne connaîtra qu’épreuves et afflictions qu’il ne pourra supporter et qu’il manquera toute opportunité d’atteindre ce qu’il désire, alors il cherchera à éviter de se trouver dans cette situation.
Gloire à Allah, loin de Lui toute imperfection ! Combien sont ceux que cette notion erronée a trompés et qui n’ont pas pratiqué leur religion complètement (en connaissant une baisse de foi) ? Cette pensée naît de l’ignorance de la réalité de cette religion. Elle naît de l’ignorance de la réalité des bienfaits et de la félicité. En outre, elle pousse la personne à tourner le dos à la réalité de la religion et à la recherche du vrai bonheur.
Atteindre le bonheur
Le serviteur ne devient véritablement heureux et comblé que lorsqu’il connait réellement le bonheur qu’il désire, qu’il aime essayer de l’atteindre, qu’il peut définir les actions qui y mènent et qu’il possède la ferme résolution de les accomplir.
Savoir ce que l’on veut ne suffit pas si l’action manque. De même, la motivation ne suffit pas sans patience.
Allah, exalté soit-Il a certes dit :
« Par le Temps ! L’homme est certes, en perdition, sauf ceux qui croient et accomplissent les bonnes œuvres, s’enjoignent mutuellement la vérité et s’enjoignent mutuellement l’endurance. »
(Sourate Le Temps, versets 1 à 3)